Vous avez peut-être le futur remède dans votre cuisine

marc de café

« Les points quantiques de carbone à base d’acide caféique ont le potentiel de transformer le traitement des troubles neurodégénératifs. En effet, aucun des traitements actuels ne résout les maladies ; ils ne font que gérer les symptômes. Notre objectif est de trouver un remède en nous attaquant aux fondements atomiques et moléculaires de ces maladies. »

Derrière ces mots un peu compliqués prononcés par Jyotish Kumar du département de chimie et de biochimie de l’Université du Texas à El Paso, se cache peut-être un remède d’une simplicité désarmante contre les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson.

Je vous explique tout.

L’avenir se situe bien dans le marc de café

Madame Irma n’est pas la seule à lire l’avenir dans le marc de café.

Des scientifiques texans sont peut-être sur le point de révolutionner le traitement des maladies neurodégénératives après avoir étudié les effets de certaines molécules provenant de ce résidu issu de la boisson la plus consommée au monde.

Jusqu’à présent, la médecine se trouve bien démunie face à des pathologies comme Alzheimer ou Parkinson.

Si l’on parvient à en ralentir la progression et à lutter tant bien que mal contre les symptômes, il n’existe en réalité aucun remède pour guérir ces atteintes au cerveau.

La démence ne toucherait pas moins de 35 millions de personnes dans le monde et un tiers de la population européenne, soit 179 millions d’individus, est concernée par au moins une pathologie liée au cerveau.[1]

À elle seule, la maladie d’Alzheimer concerne environ 900 000 personnes en France, plus de 4,9 millions de personnes en Europe et environ 25 millions de personnes dans le monde !

Le coût des soins associés aux maladies neurodégénératives ne cesse d’augmenter chaque année, sachant qu’en 2010, rien que pour l’Europe, on s’approchait déjà des 800 milliards d’euros…

Face à un tel fléau mondial, trouver le médicament qui pourrait changer la donne est un enjeu de santé publique et économique de taille.

Un sacré défi qui pourrait bien être relevé dans un avenir plus ou moins proche.

En effet, même si la découverte des scientifiques d’El Paso est récente (2023), le marc de café possède bel et bien un potentiel incroyable qui permet de protéger nos cellules cérébrales.

S’attaquer à la source du problème

Les maladies neurodégénératives proviennent essentiellement de la perte de neurones due à l’agrégation de plaques de protéines dites « amyloïdes » (peptide « Aß ») ou de corps de Lewy, constitués en grande partie de la protéine α-synucléine.

Sans rentrer dans les détails techniques, retenons que ces amas protéiques sont extrêmement toxiques pour les cellules nerveuses.

Les capacités cognitives sont alors plus ou moins lourdement atteintes, ce qui provoque des pertes de mémoire et une altération de fonctions aussi essentielles que le mouvement et la parole.

Des niveaux élevés de radicaux libres dans le cerveau sont également impliqués dans le développement de ces maladies.[2]

Bonne nouvelle : les chercheurs ont observé que certains composants du marc de café semblaient capables de régler tous ces problèmes sans provoquer d’effets secondaires importants.[3]

Leur espoir est qu’un traitement basé sur leur découverte puisse à l’avenir s’avérer efficace pour prévenir ce type de maladies.

CQFD avec le CACQD

Pour parvenir à leurs fins, les chercheurs ont cuit des échantillons de marc de café à 200 degrés pendant quatre heures en laboratoire.

Cela leur a permis d’étudier la structure carbonée de l’acide caféique et former ainsi ce qu’on appelle des CACQD (des points quantiques de carbone à base d’acide caféique).

Ce sont des nanocristaux semi-conducteurs, faisant généralement de 2 à 10 nanomètres de diamètre.

Après avoir mené quelques expériences en laboratoire, ils se sont aperçus que ces derniers avaient des effets neuroprotecteurs importants.

À tel point que ces CACQD ont été capables d’éliminer les radicaux libres et de les empêcher de causer des dommages.

Ils ont aussi montré leur faculté à inhiber l’agrégation de fragments de protéines amyloïdes, les fameux marqueurs caractéristiques des maladies neurodégénératives.

Les chercheurs estiment que ce remède potentiellement révolutionnaire cible enfin les causes profondes des maladies concernées, contrairement aux traitements actuels.

« Il est essentiel de s’attaquer à ces troubles avant qu’ils n’atteignent le stade clinique. À ce stade, il est probablement trop tard. Notre objectif est de trouver une solution qui permette de prévenir la plupart des cas de ces maladies à un coût gérable pour le plus grand nombre de patients possible », affirme l’un des principaux auteurs de l’étude.

Seul bémol, si tout va bien, le traitement ne sera efficace que si la maladie est la conséquence de facteurs liés au mode de vie, à l’âge ou à l’environnement (exposition aux pesticides et autres produits toxiques par exemple).

Les troubles neurologiques dus à la génétique ne répondent malheureusement pas au traitement.

Les chercheurs sont désormais en quête de fonds supplémentaires pour pouvoir approfondir ces recherches, et ainsi confirmer leurs résultats prometteurs.

Les solutions à nos maux les plus terribles se cachent parfois dans notre quotidien le plus banal.

Espérons que ce traitement préventif voit le jour rapidement !

Laurent

[1]https://institutducerveau-icm.org/fr/chiffres-cles/
[2]Teleanu DM, et al. An Overview of Oxidative Stress, Neuroinflammation, and Neurodegenerative Diseases. Int J Mol Sci. 2022
[3]Kumar J, et al. Caffeic acid recarbonization: A green chemistry, sustainable carbon nano material platform to intervene in neurodegeneration induced by emerging contaminants. Environ Res. 2023