Vitamine D : un véritable casse-tête pour les scientifiques

vitamine d

Les chercheurs s’intéressent depuis longtemps aux effets protecteurs de la vitamine D sur la sphère cardiovasculaire.

Jusqu’à présent les résultats sont plutôt contrastés.

Ainsi, l’étude VITAL menée en 20181 et incluant 25 871 participants, semblait mettre fin aux espoirs.

Menée sur une période de cinq ans, elle ne montrait aucune différence entre le groupe traité avec de la vitamine D (2000 UI/j) et le groupe placebo en matière de bénéfice cardiovasculaire.

Une déception quand on sait que, paradoxalement, la vitamine D semble donner de bons résultats dans la prévention de l’insuffisance cardiaque2.

En fait, il semblerait que ce soit surtout le déficit en vitamine D qui pose problème.

Plusieurs études observationnelles ont rapporté une association entre la carence en vitamine D et le risque d’hypertension, d’athérosclérose et d’insuffisance cardiaque3.

Pour autant, aucune preuve n’a été véritablement trouvée affirmant qu’une supplémentation en vitamine D, lorsqu’on présente des taux normaux, pouvait avoir des bénéfices sur la santé cardiovasculaire.

Un vrai casse-tête on vous dit !

Une théorie qui pourrait pourtant se confirmer

Tout récemment une équipe de chercheurs australiens a néanmoins poursuivi les recherches et constaté une diminution des infarctus, en particulier chez les sujets âgés déjà suivis pour leur maladie cardiovasculaire.

Et il s’agit du plus grand essai jamais réalisé sur le sujet !

21 315 Australiens âgés de 60 à 84 ans ont reçu une dose de vitamine D ou un placebo par voie orale au début de chaque mois, sur une période pouvant s’étendre jusqu’à cinq ans.

L’équipe a cherché à déterminer si cette prise mensuelle de vitamine D pouvait avoir un impact sur les événements cardiovasculaires, et plus particulièrement sur le taux de crises cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux.

Les résultats de leur travail ont été publiés dans le British Medical Journal (BMJ)4.

On y apprend que le taux d’accidents cardiovasculaires majeurs était inférieur de 9 % dans le groupe ayant consommé de la vitamine D.

Dès lors, qui croire ? Et si la vraie question c’était…

Pourquoi se focaliser sur la vitamine D ?

Si le potentiel de la vitamine D dans la protection cardiovasculaire intrigue autant les chercheurs, c’est qu’elle a une action directe sur la santé cardiaque à plusieurs niveaux. Par exemple :

  • Les cellules du revêtement des vaisseaux sanguins sont dotées de récepteurs de la vitamine D. Cette dernière permet d’éviter que ce revêtement ne s’épaississe. Une carence en vitamine D est d’ailleurs associée à l’épaississement des carotides5.
  • La vitamine D est connue pour réduire l’inflammation qui joue un rôle dans l’apparition des maladies cardiovasculaires.
  • La vitamine D permet de réguler la tension artérielle.

Tous ces effets sont maintenant bien documentés6.

Voilà pourquoi on peut aisément penser que la vitamine D pourrait jouer un rôle préventif sur les risques d’infarctus.

Il n’en demeure pas moins que le déficit en vitamine D reste le facteur le plus important à prendre en compte.

Ne vous précipitez donc pas chez votre médecin pour lui demander une supplémentation, sauf si vous souffrez d’une carence avérée.

Un déficit courant

Le déficit en vitamine D est très courant, surtout en hiver du fait d’une moindre exposition au soleil.

De plus, lorsque nous avançons en âge, les risques de carence augmentent encore car notre peau devient de moins en moins capable de produire de la vitamine D pour une durée d’exposition similaire (jusqu’à 75 % de moins !).

Pensez-y également si vous êtes en surpoids.

En effet, la vitamine D a tendance à se retrouver prisonnière dans la masse graisseuse.

Ainsi, dans les pays occidentaux, à partir de 50 ans, plus de 40% de la population présenterait un déficit.

Si vous souhaitez vous supplémenter, vous trouverez deux formes de vitamine D :

  • La vitamine D2 (ergocalciférol) qui est synthétisée à partir de végétaux ou de levures.
  • La vitamine D3 (cholécalciférol) qui est la forme la plus active de la vitamine D. On la trouve dans les aliments comme les huiles issues de poissons gras, le jaune d’œuf et le foie.

Gardez à l’esprit que la vitamine dont votre corps a besoin est la D3. La D2 sera nécessairement transformée en D3, notamment par votre foie, pour être utile. De ce fait, elle est moins bien assimilée par l’organisme.

Retenez aussi que l’alimentation n’est malheureusement pas suffisante pour combler une carence. On recommande alors traditionnellement un apport journalier de 600 à 2000 UI en compléments alimentaires.

Pour l’hiver, vous pouvez même passer à 3000 UI afin de combler le manque de lumière ; sachant que si vous achetez un complément chiffré à 1000 UI, vous aurez 1000 UI dans une goutte. C’est aussi simple que ça !

Enfin, même si le froid commence à se faire sentir, ne vous privez pas de balades en plein air. Une exposition, même modeste, aux rayons du soleil reste largement profitable.

Pensez-vous à vous supplémenter en vitamine D durant l’hiver ? Saviez-vous qu’un déficit pouvait mener à des problèmes cardiovasculaires ?

Laurent

[1] https://www.cardio-online.fr/Actualites/A-la-une/VITAL-Vitamine-D-et-risque-cardiovasculaire

[2] Luo Q, et al. Vitamin D and heart failure: A two-sample mendelian randomization study. Nutr Metab Cardiovasc Dis. 2022

[3] Latic N, Erben RG. Vitamin D and Cardiovascular Disease, with Emphasis on Hypertension, Atherosclerosis, and Heart Failure. Int J Mol Sci. 2020

[4] Thompson B, et al. Vitamin D supplementation and major cardiovascular events: D-Health randomised controlled trial. BMJ. 2023

[5] Carrelli AL, et al. Vitamin D deficiency is associated with subclinical carotid atherosclerosis: the Northern Manhattan study. Stroke. 2011

[6] Lin L,et al. Vitamin D and Vitamin D Receptor: New Insights in the Treatment of Hypertension. Curr Protein Pept Sci. 2019