Une des rares plantes que je cueille en hiver

lierre terrestre

En cette saison, il faut bien avouer que la nature ne semble pas très propice à la cueillette. Pourtant, il y a une plante sauvage que j’aime récolter toute l’année et qui vous sera très utile pour combattre les affections hivernales : il s’agit du lierre terrestre.

Ne vous limitez pas à ses nombreuses propriétés médicinales ; cette dernière est comestible et, je dirais même plus, délicieusement aromatique !

Où la trouver ? Comment la reconnaître et l’employer avec sûreté ? Vous allez voir que ce n’est pas très compliqué…

Un peu de botanique pour commencer

Le lierre terrestre, Glechoma hederacea en latin, est une plante herbacée vivace et rampante.

Elle appartient à la grande famille des Lamiacées, dans laquelle on retrouve beaucoup de plantes aromatiques et médicinales très connues comme la menthe, le romarin, l’origan, etc.

Aucun lien de parenté avec le lierre grimpant qui emmitoufle les arbres ! Si on la surnomme « lierre », c’est tout simplement parce qu’elle se développe en formant des stolons à la manière des fraisiers et devient alors couvre-sol.

Elle se développe dans les lieux frais et humides, le plus souvent dans les milieux forestiers, où vous la trouverez formant un tapis dense au pied des arbres.

Je ne vous cache pas qu’elle est surtout remarquable au printemps, lorsque ses tiges florifères se dressent jusqu’à 20 cm au-dessus du sol. Il est alors impossible de passer à côté de ses charmantes fleurs roses ou bleu violacé, qui s’épanouissent de mars à mai.

Mais en toute saison, on la distingue facilement grâce à ses feuilles. Ces dernières sont simples, de forme arrondie, à bords crénelés et échancrées en cœur à la base (« cordiformes » disent les botanistes).

Ces feuilles sont munies de nombreux poils, qui renferment les essences aromatiques de la plante. C’est la raison pour laquelle les feuilles de lierre terrestre dégagent une odeur fraîche, à la fois citronnée et légèrement mentholée quand on les froisse.

Rien que ce parfum si caractéristique suffit à me mettre l’eau à la bouche.

Je vous invite à essayer, d’autant qu’en rassemblant tous ces critères, il n’existe aucun risque de confusion entre le lierre terrestre et une quelconque plante toxique.

Cela dit, n’oubliez pas qu’il ne faut jamais cueillir, si vous n’êtes pas certain de l’identification du végétal en question.

Salé ou sucré, c’est vous qui choisissez…

Le lierre terrestre relève aussi bien les plats salés que sucrés, mais toujours avec parcimonie, en tant que condiment.

On peut utiliser ses feuilles pour aromatiser des boissons rafraîchissantes ou des liqueurs. C’est d’ailleurs le lierre terrestre qui, bien avant le houblon, fût employé pour parfumer la bière, et ce jusqu’au XVIIème siècle !

Infusée dans du lait (animal ou végétal), la plante donnera une note originale à une crème ou un dessert.
Néanmoins, c’est en salé qu’elle fait des merveilles !

Personnellement, je la trouve parfaite pour créer un sel aux herbes maison, réalisé à partir des feuilles séchées réduites en morceaux.

Lorsqu’elles sont fraîches, les feuilles hachées s’accordent parfaitement avec les céréales (riz, blé, lentilles…) et avec les fromages frais. À la maison, on en fait ainsi de délicieuses tartinades, simples à réaliser et pratiques à partager en apéritif.

Et plein de vertus !

Outre son usage très satisfaisant en tant qu’aromate, le lierre terrestre se révèle être un excellent allié pour combattre la plupart des affections hivernales courantes en cette saison.

Grâce à la marrubiine qu’il contient, il possède des propriétés expectorantes et mucolytiques. Cette substance active a aussi démontré des effets anti-inflammatoires et antalgiques1.

Concrètement, cela signifie que le lierre terrestre est efficace pour combattre l’inflammation des muqueuses et pour apaiser divers symptômes tels que la toux (sèche ou grasse), les maux de gorge et les écoulements de la muqueuse nasale ou bronchique.

Cela représente un bon panel de pathologies dans lesquelles il pourra être utile : rhume, sinusite, toux asthmatiforme, bronchites (aiguës et sans complication), etc.

De plus, le lierre terrestre est un antibactérien efficace2, et renferme également des tanins qui lui confèrent des vertus cicatrisantes. Tout ceci en fait un très bon candidat pour combattre les angines, en association avec la ronce (Rubus fruticosus) et d’autres plantes antiseptiques telles que le thym (Thymus vulgaris) par exemple.

En cas de rhume, quand la toux vous enquiquine, vous pouvez vous préparer une infusion avec les feuilles de lierre terrestre (fraîches de préférence). Comptez 1 cuillère à soupe par tasse, à boire 3 fois par jour, jusqu’à ce que vous alliez mieux.

Notez simplement que le lierre terrestre est déconseillé si vous êtes traité par anticoagulants. 

Et si vous n’êtes pas un adepte de la tisane, je vous propose de tester plutôt cette recette de sirop. En plus d’être agréable, il a l’avantage d’être très apprécié par les enfants (à partir de 6 ans).
Je soupçonne parfois les miens, une fois guéris, de faire semblant d’avoir mal à la gorge pour continuer à prendre un peu de sirop…

Mon sirop de lierre terrestre

  • 150 g de parties aériennes fraîches de lierre terrestre
  • 1 L d’eau

1. Réalisez une infusion avec les tiges de lierre terrestre dans une eau chauffée entre 70°C et 80°C, à couvert pour éviter que les molécules ne s’échappent, et laissez reposer toute une nuit.

2. Le lendemain, filtrez en pressant doucement les plantes.

3. Pesez le liquide ainsi obtenu et ajoutez-lui son poids en sucre roux ou en miel.

4. Faites cuire à feu doux en surveillant, jusqu’à l’obtention d’une substance sirupeuse.

Vous en donnerez 1 cuillère à café à vos enfants ou vous en prendrez 1 cuillère à soupe, diluée dans un verre d’eau, 2 à 3 fois par jour.

Vous pouvez sans problème conserver ce sirop 2 à 3 semaines au réfrigérateur, mais je serais surpris que vous n’ayez pas vidé la bouteille d’ici là…

Bonne cueillette et bonne dégustation !

Connaissiez-vous cette plante ?

Laurent

[1] Meyre-Silva C, Yunes RA, Schlemper V, Campos-Buzzi F, Cechinel-Filho V. Analgesic potential of marrubiin derivatives, a bioactive diterpene present in Marrubium vulgare (Lamiaceae). Farmaco. 2005 Apr;60(4):321-6. doi: 10.1016/j.farmac.2005.01.003. PMID: 15848207.

[2] Y Kumarasamy, P.J Coa, M Jaspars, L Nahar, S.D Sarker. Biological activity of Glechoma hederacea. Fitoterapia, Volume 73, Issues 7–8, December 2002, Pages 721–723