L’excès de fer : un vrai danger pour la santé

limiter le fer

Encore aujourd’hui, l’hémochromatose a beau être une des maladies génétiques les plus fréquentes, elle continue de poser problème à la médecine. Il faut avouer que le sujet est loin d’être simple.

Tout d’abord, évitons de confondre hyperferritinémie et hémochromatose.

La confusion est fréquente car cela évoque dans les deux cas la quantité de fer dans l’organisme.

La concentration sanguine en ferritine (une protéine qui sert à stocker le fer) est variable en fonction de l’âge, du sexe et de l’origine ethnique.

On parle d’hyperferritinémie lorsque sa concentration est supérieure à 300 µg/l chez l’homme et à 200 µg/l chez la femme.

Les causes principales de plus de 90 % des hyperferritinémies sont le syndrome métabolique, l’alcoolisme, le syndrome inflammatoire ou la lyse cellulaire (la destruction de la membrane des cellules).

Premier élément notable : l’hyperferritinémie n’est pas nécessairement liée à une hémochromatose1. En d’autres termes, l’hyperferritinémie n’est pas forcément synonyme de surcharge en fer ; l’hémochromatose, si !

Chez une personne en bonne santé, le stock de fer dans l’organisme est de 3 à 4 grammes. En cas d’hémochromatose, il peut atteindre jusqu’à 20 ou 30 grammes !

Or, notre organisme ne dispose pas de mécanisme spécifique pour gérer ce surplus de fer.

Le diagnostic de l’hémochromatose repose d’ailleurs sur des examens sanguins visant à mesurer la quantité de fer présente dans l’organisme (ce qu’on appelle le « bilan martial »).

Le taux de fer dans le sang est considéré comme anormalement élevé lorsqu’il est supérieur à 30 µmol/l.

Le diagnostic doit ensuite être confirmé par la mesure du coefficient de saturation de la transferrine (la protéine du sang qui transporte le fer).

Votre médecin pourra aussi chercher à évaluer des concentrations élevées de fer dans le foie via une IRM.

En effet, cette accumulation toxique de fer peut atteindre divers organes : peau, cœur, pancréas… Mais c’est le foie qui reste en première ligne la plupart du temps.

Soyez vigilants face à ces symptômes

L’accumulation de fer dans les organes se fait très progressivement et il est rare que les symptômes de l’hémochromatose apparaissent avant l’âge de 40 ans.

Si vous souffrez de façon inexpliquée des symptômes suivants c’est une piste qu’il ne faudra pas négliger :

  • fatigue chronique
  • teint gris
  • douleurs articulaires dans les mains et les pieds
  • troubles du rythme cardiaque
  • douleurs abdominales
  • atteinte du foie (comme la cirrhose)
  • diabète
  • œdèmes sur le bas du corps
  • essoufflement
  • troubles sexuels et hormonaux.

Au fond, le véritable problème derrière cette surcharge en fer est qu’elle entraîne la formation de radicaux libres.

Reprenons l’exemple du foie qui va stocker cet excès de fer. Au bout d’un moment, les radicaux libres vont finir par l’endommager et c’est ainsi qu’on développera une cirrhose, voire un cancer du foie2.

De la même manière, en s’accumulant dans le pancréas, le fer peut conduire au diabète.

Vous pouvez le constater, l’hémochromatose n’est pas à prendre à la légère !

Alors que faire ?

Il s’agit avant tout de freiner l’absorption de fer, et ajuster son alimentation est un bon moyen d’y parvenir sans trop d’efforts.

Une étude qui pose les bases

La solution la plus évidente (même si elle n’est pas miraculeuse, surtout dans les stades avancés d’hémochromatose) consiste à limiter les apports alimentaires en fer.

Une vaste étude publiée en 2021 nous donne la marche à suivre3 :

1. Privilégiez un régime végétarien ou semi-végétarien

Évitez les viandes rouges qui contiennent une forme de fer hautement biodisponible, absorbée par notre intestin à hauteur de 20 à 30%.

De plus, consommer de la viande stimule également l’absorption du fer que l’on trouve dans les végétaux.

Par conséquent, un peu de volaille (200 g par semaine maximum) est autorisé mais préférez le poisson (gras idéalement) et les œufs.

Le plus important est d’augmenter les rations de fruits et légumes frais (au moins 600 g par jour).

Il est conseillé de consommer les fruits entre les repas.

2. Privilégiez les céréales complètes ou semi-complètes

Évitez les céréales enrichies en fer et tournez-vous vers du pain contenant au moins 50 % de grains entiers.

3. Ayez une alimentation saine

En attendant de mettre en place les mesures les plus adaptées à votre cas particulier avec l’aide d’un diététicien, vous pouvez sans tarder limiter les apports en sel, en sucre et en mauvaises graisses.

L’alcool est bien évidemment à proscrire. Le taux de ferritine augmente avec la consommation d’alcool et favorise donc la surcharge en fer, ce qui accentue les signes de la maladie.

Quelques conseils de bon sens

  • Attention à l’acidité

On sait que les personnes qui souffrent d’un déficit de production d’acides au niveau de l’estomac sont sujettes aux carences en fer.

Les acides ayant tendance à favoriser l’assimilation du fer, je vous conseille donc d’éviter les aliments acides ainsi que certains médicaments ou compléments courants comme l’aspirine, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), l’acide ascorbique (vitamine C), l’acide malique, l’acide citrique ou l’acide tartrique.

  • Misez sur les aliments qui limitent l’absorption du fer

Le thé vert ou le café, riches en polyphénols (des composés qui réagissent avec le fer au niveau de l’intestin4,5), et les aliments riches en calcium participent à réduire l’absorption de fer, tout comme les aliments contenant des phytates6 (céréales, légumineuses, et graines oléagineuses).

Pour la même raison, pensez également aux végétaux riches en polyphénols : c’est le cas des légumes colorés et de certains fruits comme le raisin.

Il est donc judicieux d’accompagner vos repas de tous ces aliments qui vont limiter l’absorption du fer. Et cela est d’autant plus vrai si vous décidez de vous faire plaisir, de temps en temps, avec une bonne viande rouge.

Ces conseils vous ont-ils été utiles ?

A bientôt,

Laurent

Sources :

[1] https://www.louvainmedical.be/fr/article/que-faire-devant-une-hyperferritinemie

[2] https://www.hemochromatose.org/espace-praticiens/inserm/pr-pierre-brissot/

[3] Milman NT. Managing Genetic Hemochromatosis: An Overview of Dietary Measures, Which May Reduce Intestinal Iron Absorption in Persons With Iron Overload. Gastroenterology Res. 2021

[4] Buerkli S, et al. The effect of a natural polyphenol supplement on iron absorption in adults with hereditary hemochromatosis. Eur J Nutr. 2022

[5] Srichairatanakool S, et al. Iron-chelating and free-radical scavenging activities of microwave-processed green tea in iron overload. Hemoglobin. 2006

[6] Zijp IM, et al. Effect of tea and other dietary factors on iron absorption. Crit Rev Food Sci Nutr. 2000