La nutrition au cœur de la maladie de Charcot

ginseng indien

La maladie de Charcot est une maladie incurable qui entraîne une paralysie progressive des muscles.

Le célèbre scientifique Stephen Hawking souffrait de cette maladie. Il en est mort en 2018.

Les chercheurs tentent de trouver des remèdes et l’une des pistes sérieuses mène tout simplement à la nutrition !

Sombre pronostic

La maladie de Charcot, ou sclérose latérale amyotrophique (SLA), fait partie des maladies neurodégénératives.

Le diagnostic est posé en moyenne entre 50 et 70 ans et l’espérance de vie est de 3 à 5 ans après ce diagnostic.

Dans environ 30% des cas, la maladie débute au niveau du tronc cérébral.

Les premières manifestations sont des difficultés à articuler ou à déglutir.

Dans les autres cas, ce sont d’abord les motoneurones périphériques qui sont touchés. On constate alors une faiblesse et une gêne au niveau d’un bras, d’une jambe ou d’une main.

Les signes de la maladie s’intensifient progressivement avec des contractures et des raideurs des muscles et des articulations.

Une fonte musculaire et des troubles de la coordination finissent par gêner la marche et la manipulation des objets ; les difficultés à déglutir ou à articuler augmentent.

Les muscles respiratoires sont les derniers à être touchés, ce qui entraîne le décès du patient.

Les causes de cette terrible maladie seraient multifactorielles, essentiellement génétiques et environnementales (tabac, pesticides, métaux lourds, cyanotoxine BMAA présente dans l’eau…).

Jusqu’à présent de nombreux médicaments ont fait chou blanc. Cependant, tout espoir n’est pas perdu : des études encourageantes ont été récemment publiées.

On y évoque les cellules souches, des molécules comme le tofersen (pouvant se fixer spécifiquement à l’ARN et qui pourrait ralentir la progression de la maladie) ou l’ezogabine, un antiépileptique.
Parmi toutes ces pistes, les remèdes naturels ne sont pas en reste.

Antioxydants et oméga-3, le duo gagnant

Il ne faut pas se mentir, la recherche se focalise surtout sur des traitements capables de ralentir la maladie.

La bonne nouvelle est que l’alimentation pourrait jouer un rôle important en ce sens.

Ainsi, des chercheurs de l’Université de Columbia (Etats-Unis) ont cherché pour la première fois un lien entre les apports nutritionnels et la gravité des symptômes1,2.

« Il semble que la nutrition joue à la fois un rôle dans la progression mais aussi dans l’apparition de la maladie » conclut le Dr Jeri Nieves, principal auteur de cette étude publiée sur le site du Jama Neurology.

« Les aliments et les nutriments qui peuvent aider à réduire la gravité de la SLA sont très similaires aux recommandations visant à prévenir de nombreuses autres maladies chroniques. »

Il s’agit des fruits et légumes riches en antioxydants (plus particulièrement en caroténoïdes) et des graisses polyinsaturées comme les oméga-3, ce que vient de confirmer il y a peu une nouvelle étude3.

L’acide alpha-linolénique (ALA) serait le plus intéressant.

Il a montré une meilleure efficacité que les autres types d’oméga-3 (DHA et EPA) sur le ralentissement du déclin des fonctions physiques et sur la diminution du risque de décès.

Cet acide gras non synthétisé par l’organisme se trouve en particulier dans les huiles végétales (lin, chanvre, chia, colza, noix) ainsi que dans certaines algues.

Les autorités sanitaires recommandent de consommer 2 grammes d’ALA par jour, or l’ANSES alerte depuis longtemps sur nos apports qui seraient bien insuffisants4 .

En France, plus de 85% des adultes souffrent d’insuffisance ou de carence en oméga-3 !

Une bonne raison, s’il en faut, pour en introduire chaque jour dans vos menus ou pour vous supplémenter si besoin.

Attention au mercure

Les oméga-3 se trouvent dans les huiles végétales mais aussi dans les poissons à chair grasse comme le saumon.

Il est intéressant de consommer ce type de poissons mais en quantité raisonnable car ils peuvent renfermer des niveaux élevés de mercure, un neurotoxique qui atteint facilement le système nerveux central.

Une étude préliminaire présentée en 2017 à l’American Academy of Neurology’s laisse entendre que ce dernier pourrait être lié à un risque plus élevé de SLA5.

Les espèces qui se situent au sommet de la chaîne alimentaire, c’est-à-dire les gros prédateurs comme l’espadon, le requin, voire le saumon, sont les plus contaminés par le mercure, tandis que les plus petits comme la sardine ou le maquereau présentent généralement des niveaux inférieurs.

Les soupçons qui pèsent sur le mercure en tant que facteur favorisant la maladie de Charcot6 semblent se confirmer en 2020 quand des études retrouvent des niveaux de mercure plus élevés dans les ongles et les cheveux des patients atteints par la maladie.

Pas de raison pour autant de se passer de poisson puisqu’il fournit de nombreux avantages pour la santé.

Choisissez les espèces les plus petites comme les sardines et consommez-en au maximum deux fois par semaine.

Le ginseng indien, un nouvel espoir ?

Vous vous souvenez de l’ice bucket challenge ?

Ce défi qui consistait à se verser un seau d’eau glacée sur la tête avait été lancé au profit de la recherche sur la maladie de Charcot.

Il a permis d’amasser des millions de dollars et une partie de ces fonds a servi à financer une étude sur l’ashwagandha (Withania somnifera), le fameux « ginseng indien ».

Pourquoi cette racine en particulier ?

Eh bien parce que des chercheurs canadiens ont suscité un espoir en ralentissant la maladie chez des souris grâce à des extraits de cette plante7.

Une demande de brevet a même été déposée par le laboratoire ImStar Therapeutics de Vancouver et par l’Université Laval pour l’utilisation de molécules dérivées de l’ashwagandha, notamment la withaferine A.

En plus de diminuer les symptômes chez des souris génétiquement modifiées8, cette substance améliore les fonctions motrices et réduit les troubles cognitifs.

La withaferine A est également parvenue à réduire l’inflammation, à améliorer le contrôle moteur et à restaurer partiellement les jonctions neuromusculaires.

Soulignons néanmoins que ces bénéfices ont été observés chez des souris qui ont reçu la withaférine A dès les premières manifestations de la maladie.

Si le traitement commence une fois la maladie bien avancée, on n’observe malheureusement aucun effet positif.

Et vous, connaissez-vous des personnes atteintes de la maladie de Charcot ? Ont-elles trouvé un soulagement avec certains remèdes ?

A bientôt,

Laurent

Sources :

[1] https://www.publichealth.columbia.edu/news/fruits-vegetables-may-slow-als

[2] Nieves JW, et al. Amyotrophic Lateral Sclerosis Multicenter Cohort Study of Oxidative Stress (ALS COSMOS) Study Group. Association Between Dietary Intake and Function in Amyotrophic Lateral Sclerosis. JAMA Neurol. 2016

[3] Bjornevik K, et al. Association of Polyunsaturated Fatty Acids and Clinical Progression in Patients With ALS: Post Hoc Analysis of the EMPOWER Trial. Neurology. 2023

[4] https://www.anses.fr/fr/content/avis-et-rapport-de-lanses-relatifs-aux-%C2%AB-apports-en-acides-gras-de-la-population-vivant-en

[5] https://www.aan.com/PressRoom/Home/PressRelease/1522

[6] Andrew AS, et al. Keratinous biomarker of mercury exposure associated with amyotrophic lateral sclerosis risk in a nationwide U.S. study. Amyotroph Lateral Scler Frontotemporal Degener. 2020

[7] Julien JP. Et al. Protective effects of Withania somnifera extract in SOD1G93A mouse model of amyotrophic lateral sclerosis. Exp Neurol. 2018

[8] Kumar S, et al. Withaferin-A Treatment Alleviates TAR DNA-Binding Protein-43 Pathology and Improves Cognitive Function in a Mouse Model of FTLD. Neurotherapeutics. 2021