La berbérine, un complément alimentaire à utiliser avec prudence

En 2019, l’Agence de sécurité alimentaire (Anses), mettait en garde contre l’utilisation « sauvage » de la berbérine, une substance ayant une forte action sur la glycémie1.

Ce complément alimentaire va-t-il bientôt devenir un médicament vendu en pharmacie ?

Avant d’en arriver là, voyons ce qu’il pourrait faire pour vous.

Une puissante molécule naturelle

La berbérine est une substance active d’origine naturelle tirée de diverses plantes dont l’épine-vinette (Berberis vulgaris).

Pour les férus de chimie, il s’agit plus précisément d’un alcaloïde isoquinoléique.

Cette large famille de molécules a donné naissance à de nombreux médicaments comme la morphine, ou la codéine.

Leurs effets, en fonction de leur structure chimique, sont très variés : sédatifs, psychotropes, analgésiques, ou encore antispasmodiques, etc.

La berbérine tirée de l’épine-vinette présente une variété d’effets mais le plus connu est sans doute celui qui permet de faire baisser de façon importante la glycémie (taux de sucre dans le sang).

Cela en fait un complément alimentaire très prisé lorsqu’on souffre de diabète ou de prédiabète.

Il ne s’agit donc pas d’un complément préventif mais bel et bien d’une substance thérapeutique ayant une action directe sur certaines constantes métaboliques de l’organisme.

C’est cela qui explique que son utilisation sans ordonnance, et surtout sans supervision médicale, soit sujette à polémique.

Avec la berbérine, il faut être prudent !

Une fois n’est pas coutume, avant de vous parler des bienfaits de la berbérine, je vais commencer par vous mettre en garde sur son utilisation.

Je vous le disais, la berbérine a une action pharmacologique, réelle, importante et diverse.

Or, lorsque vous achetez un complément qui en contient, les boites indiquent généralement : « Maintien d’une glycémie normale » ou « Complément contre le diabète ».

Ces allégations me semblent erronées.

Car premièrement, la berbérine ne maintient pas la glycémie, elle la fait baisser. Ensuite, il ne s’agit pas d’un complément qui viendrait soutenir un traitement, c’est un traitement en soi !

Comme on peut le lire dans le communiqué de l’Anses, « À partir de 400 mg, la berbérine agit comme un médicament et non plus comme un aliment ».

Les experts n’excluent pas non plus un effet à des doses inférieures.

Je vous recommande donc la plus grande prudence, et en particulier si vous souffrez de diabète ou de troubles cardiaques, de problèmes rénaux ou hépatiques.

N’ajoutez pas de berbérine à votre traitement habituel. Et si vous souhaitez utiliser la berbérine en lieu et place de votre traitement, parlez-en au préalable à votre médecin.

De façon générale, la berbérine (quel que soit le but de la prise de ce complément) doit se faire sous la supervision de votre médecin. Les interactions avec plusieurs médicaments (la carbamézépine, la ciclosporine, la digoxine, le losartan, la metformine et bien d’autres) peuvent être graves.

Enfin, sachez que la berbérine provoque parfois des effets indésirables comme : des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements, des diarrhées et une baisse de la tension.

L’intérêt de la berbérine en cas de diabète

Ceci étant dit, si votre médecin vous donne le feu vert, la berbérine peut se révéler très intéressante en cas de diabète ou de prédiabète.

La berbérine fait baisser la glycémie de différentes façons mais il semblerait que son action bénéfique sur le microbiote intestinal soit une des raisons de son efficacité2.

Pour rappel, l’inflammation chronique et une flore intestinale déséquilibrée sont deux facteurs prépondérants dans l’apparition du diabète sucré.

Or, en plus de sa faculté à favoriser les bactéries bénéfiques, la berbérine agirait sur les cellules immunitaires de l’intestin ainsi que sur l’inflammation3.

Des études ont montré que l’effet hypoglycémiant (qui fait baisse la glycémie) de la berbérine est similaire à celui de la metformine (un médicament qui traite le diabète de type 2)4.

Elle fait baisser la glycémie à jeun, la glycémie postprandiale (glycémie deux heures après le repas), ainsi que l’insuline plasmatique à jeun.

A noter que le cholestérol total et le cholestérol LDL des sujets participant à l’étude ont également diminué de manière significative.

La dose recommandée habituellement dans le diabète de type 2 varie de 500 mg à 1 gramme par jour, mais là encore seul votre médecin pourra vous prescrire la dose idéale pour vous. 

Anticancer, neuroprotectrice… la berbérine n’a pas encore livré tous ses secrets

La berbérine a été l’objet de nombreuses recherches in vivo et in vitro pour comprendre ses effets sur le métabolisme.

En plus de son action sur la glycémie, des effets antioxydants, anti-inflammatoires, antimicrobiens, hépatoprotecteurs, neuroprotecteurs, et hypolipidémiques ont été relevés5.

Ces dernières années, des recherches ont montré que la berbérine inhibait la prolifération cellulaire et pouvait détruire les cellules cancéreuses6.

Ainsi, de nombreux dérivés ont été synthétisés pour améliorer l’efficacité et la sélectivité de la berbérine.

Les résultats obtenus jusqu’à présent sur les cellules cancéreuses humaines soutiennent l’idée que la berbérine et ses dérivés pourraient être des agents prometteurs pour le traitement de certains cancers comme celui du pancréas, du poumon, du foie, des ovaires, ou du côlon.

Un effet notable contre le Candida albicans

Je m’arrête un instant sur cette propriété de la berbérine, car elle est moins connue et parce que le Candida est particulièrement difficile à traiter.

Or, dans le cas d’une candidose vulvo-vaginale (une maladie inflammatoire causée principalement par Candida albicans) la berbérine inhibe de manière significative l’adhésion de C. albicans aux cellules épithéliales vaginales7.

Sachant que le Candida résiste de plus en plus aux antifongiques, la prise de berbérine peut être une solution de secours fort appréciable (toujours en accord avec un médecin).

Cela est d’autant plus vrai que la berbérine empêche non seulement le champignon de s’installer sur les muqueuses mais qu’elle s’attaque directement à sa membrane cellulaire, ce qui provoque sa destruction.

La berbérine est un puissant remède naturel à utiliser avec précaution. Nul doute qu’à l’avenir de nombreux médicaments seront synthétisés à partir de cette molécule étonnante.

Cela vient confirmer ce que je pense depuis toujours : la santé se trouve dans la nature !

Et vous, avez-vous déjà pris de la berbérine ?

A bientôt,

Laurent

 

 

[1] https://www.anses.fr/fr/content/utilisation-de-plantes-%C3%A0-base-de-berb%C3%A9rine-dans-les-compl%C3%A9ments-alimentaires

[2] Zhang Y, et al. Gut microbiome-related effects of berberine and probiotics on type 2 diabete. Nat Commun. 2020

[3] Zhang L, et al. Effects of Berberine on the Gastrointestinal Microbiota. Front Cell Infect Microbiol. 2021

[4] Yin J, et al. Efficacy of berberine in patients with type 2 diabetes mellitus. Metabolism. 2008

[5] Wang K, et al. The metabolism of berberine and its contribution to the pharmacological effects. Drug Metab Rev. 2017

[6] Ortiz LM, et al. Berberine, an epiphany against cancer. Molecules. 2014

[7] Zhao T, et al. Berberine Inhibits the Adhesion of Candida albicans to Vaginal Epithelial Cells. Front Pharmacol. 2022

[8] Zorić N, et al. Membrane of Candida albicans as a target of berberine. BMC Complement Altern Med. 2017