Comment se laver sans savon ? Ma recette nature

savon

L’autre jour, une connaissance que je n’avais pas revue depuis des années, m’a fait part de son choix pour le moins étonnant : il a arrêté d’utiliser du shampooing pour ses cheveux.

Évidemment, j’ai eu de la peine à le croire : il a une belle chevelure resplendissante et qui ne sent pas du tout mauvais.

Face à mes doutes, il m’a alors expliqué quelque chose que je ne soupçonnais pas : le shampooing n’aide pas à « dégraisser » les cheveux… au contraire, c’est lui qui les rend gras !

Cela a aiguisé ma curiosité. Et si nous nous lavions tout faux ? Quelles sont les alternatives au savon industriel ?

Je me suis penché sur la question et je vais vous partager mes découvertes.

Ce sont les savons qui contiennent des saletés

Les savons industriels que nous trouvons dans nos commerces sont généralement constitués d’une combinaison de graisses, d’huiles, d’agents moussants, de parfums et de conservateurs.

L’un des ingrédients clés est la soude caustique (hydroxyde de sodium) ou la potasse caustique (hydroxyde de potassium) qui est utilisée pour transformer les graisses et les huiles en savon par un processus chimique appelé saponification.

Mais si ces savons sont censés nous rendre propres, ce sont en vérité eux qui contiennent le plus de saletés !

Sulfates, parabènes, phtalates, colorants artificiels… derrière ces doux noms se cachent des agents chimiques synthétiques dont nos savons sont remplis. Et voici ce qu’ils font à notre santé :

  • Les sulfates (sodium lauryl sulfate et sodium laureth sulfate), agents moussants couramment utilisés dans les savons et les shampoings, peuvent provoquer une irritation de la peau et des yeux chez certaines personnes. Cela peut aller jusqu’à provoquer l’apparition du psoriasis1.
  • Les parabènes, utilisés comme conservateurs, ont été associés à des perturbations hormonales et à des problèmes de fertilité2.
  • Les phtalates, présents dans certains parfums de savon, peuvent avoir des effets néfastes sur le système endocrinien3.

Et notre peau étant le plus grand organe de notre corps, nous sommes particulièrement exposés à ces produits quand nous utilisons les savons industriels.

Notre peau n’est en effet pas juste un gant qui nous entoure. Elle est comme une forêt, débordante de vie.

Cette vie, c’est le microbiote, souvent oublié, de la peau.

Se laver c’est se rendre plus vulnérable aux microbes

On entend souvent parler du microbiote intestinal – ces milliards de bactéries qui peuplent nos intestins et nous gardent en bonne santé.

Mais notre épiderme abrite aussi une communauté complexe de micro-organismes, notamment des bactéries, des champignons et des virus qui forment ce que l’on appelle le microbiote cutané.

Ce microbiote joue un rôle essentiel dans la santé de notre peau en protégeant contre les envahisseurs pathogènes, en régulant l’inflammation et en favorisant la cicatrisation4.

L’utilisation de savons industriels agressifs peut perturber cet équilibre délicat en éliminant non seulement les bactéries nuisibles mais aussi celles bénéfiques.

Beaucoup de ces êtres protègent notre peau contre les microbes dangereux. Aussi, si vous les éliminez avec un savon industriel, et bien…vous vous rendez vulnérables face aux maladies.

Notre peau doit rester naturellement grasse

Un grand nombre de pubs essaient de vous vendre des savons « au pH neutre », des savons dits alcalins.

Mais ce faisant, nous perturbons le pH naturel de notre peau. La peau a un pH légèrement acide, généralement compris entre 4,5 et 5,5, ce qui est essentiel pour maintenir son intégrité et son équilibre5.

Les savons alcalins ont un pH plus élevé, ce qui peut provoquer une déshydratation en éliminant l’huile de la peau.

Or cette fine couche graisseuse qui recouvre notre peau protège en vérité notre microbiote.

Cette barrière naturelle faite d’eau et de lipides maintient l’hydratation de la peau, empêche les substances irritantes de pénétrer et prévient les infections6.

L’utilisation fréquente de savons industriels agressifs peut dégrader ce film protecteur en éliminant les huiles naturelles de la peau.

Donc, si vous avez l’impression que votre peau est excessivement sèche, qu’elle vous démange ou qu’elle vous « tire », ce n’est pas parce qu’elle est sale.

Justement, c’est parce que vous l’avez trop nettoyée et avec de mauvais produits !

4 alternatives naturelles au savon industriel

Nous n’avons pas attendu le savon industriel pour nous laver : nos ancêtres savaient comment être propres !

Il existe de nombreuses alternatives naturelles, souvent très anciennes, et qui bien souvent n’utilisent pas de produits chimiques agressifs. Notamment :

  • Savon à base d’huiles végétales : optez pour des savons artisanaux ou faits maison à base d’huiles végétales pures comme l’huile d’olive, l’huile de coco ou l’huile d’amande douce. Ces savons sont riches en nutriments et respectent le pH de la peau.
  • Savon noir africain : originaire d’Afrique de l’Ouest, le savon noir est fabriqué à partir de cendres de plantes, de beurre de karité et d’huiles végétales. Il est doux pour la peau et riche en antioxydants.
  • Savon au lait de chèvre : le lait de chèvre est naturellement riche en acides gras et en vitamines. Les savons au lait de chèvre sont apaisants pour la peau et adaptés aux peaux sensibles.
  • Savon d’Alep : originaire de Syrie, le savon d’Alep est fabriqué à partir d’huile d’olive et d’huile de baies de laurier. Il est doux et bénéfique pour la peau.
  • Savon au miel et à l’avoine : les savons contenant du miel et de l’avoine sont hydratants et apaisants pour la peau, idéaux pour ceux qui ont des problèmes de peau sèche ou irritée.

Recette de savon doux à faire soi-même

Si vous êtes vraiment déterminé à prendre le contrôle total des ingrédients que vous mettez sur votre peau, vous pouvez envisager de fabriquer votre propre savon naturel à la maison.

Savon à la glycérine sans soude caustique

Ingrédients :

  • 1 barre (environ 250 grammes) de glycérine transparente ou blanche (disponible dans les magasins d’artisanat)
  • 10 à 15 gouttes d’huile essentielle de votre choix pour parfumer (comme la lavande, le citron, la menthe, etc.)
  • Colorants naturels (facultatif)
  • Moules à savon en silicone ou en plastique
Instructions :

1. Coupez la glycérine en petits morceaux pour faciliter la fonte.

2. Placez les morceaux de glycérine dans un récipient résistant à la chaleur, comme un bol en verre ou un récipient en pyrex, puis faites fondre la glycérine au bain-marie. Assurez-vous de surveiller attentivement la fonte pour éviter que la glycérine ne surchauffe.

3. Une fois que la glycérine est complètement fondue, retirez-la du bain-marie. Si vous le souhaitez, ajoutez les gouttes d’huile essentielle de votre choix pour parfumer le savon. Vous pouvez également ajouter des colorants naturels à ce stade si vous souhaitez colorer votre savon.

4. Versez délicatement le mélange fondu dans les moules à savon en silicone ou en plastique. Vous pouvez utiliser des moules de différentes formes pour personnaliser votre savon.

5. Laissez le savon refroidir et durcir pendant plusieurs heures à température ambiante. Cela peut prendre de 2 à 4 heures, selon la taille de vos moules et l’épaisseur de votre savon.

6. Une fois que le savon est complètement durci, démoulez-le avec précaution.

7. Votre savon à la glycérine est prêt à être utilisé ! Rangez-le dans un endroit frais et sec.

Cette recette de savon à la glycérine est douce pour la peau et facile à réaliser sans l’utilisation de soude caustique.

Vous pouvez personnaliser votre savon en ajoutant des huiles essentielles aux parfums que vous préférez, et en jouant avec les couleurs pour créer des savons uniques.

Vous avez d’autres recettes de savon à nous partager ?

Laurent

[1] Sulfates : SLS et SLES. (2015) « Sodium lauryl sulfate, a skin irritant. » Journal of the American College of Toxicology.

[2] Parabènes : Darbre, P.D. et al. (2004) « Concentrations of parabens in human breast tumours. » Journal of Applied Toxicology, 24(1), 5-13.

[3] Phtalates : Hauser, R. et al. (2006) « Temporal variability of urinary phthalate metabolite levels in men of reproductive age. » Environmental Health Perspectives, 114(12), 1734-1740

[4] Grice, E.A. et al. (2009) « Topographical and temporal diversity of the human skin microbiome. » Science, 324(5931), 1190-1192.

[5] Cordain, L. et al. (2002) « Plant-animal subsistence ratios and macronutrient energy estimations in worldwide hunter-gatherer diets. » The American Journal of Clinical Nutrition, 71(3), 682-692

[6] Cork, M.J. et al. (2009) « Epidermal barrier dysfunction in atopic dermatitis. » Journal of Investigative Dermatology, 129(8), 1892-1908