Le champignon qui inquiète le monde médical

candida auris

Le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) a provoqué une vague d’inquiétude un peu partout dans le monde suite à la publication d’un communiqué alarmant le 20 mars 20231.

Un champignon dangereux serait en train d’envahir les hôpitaux, causant au passage de nombreux décès.

Ce champignon, c’est le Candida auris, un cousin du Candida albicans que vous connaissez sans doute.

Explosion de maladies nosocomiales

Jusque-là plutôt rares, les contaminations au Candida auris prennent de l’ampleur chaque année depuis 2020 et se sont considérablement accélérées depuis 2022.

Elles touchent principalement les malades hospitalisés, si bien que les spécialistes parlent d’une nouvelle maladie nosocomiale. Elle s’ajoute à la liste déjà longue et bien connue des infections qui sévissent dans les cliniques et les hôpitaux.

Je pense par exemple au staphylocoque doré qui provoque chaque année de nombreuses infections chez les patients hospitalisés (pneumonie, infection du sang, méningites…).

En France, chaque année, 750 000 personnes, soit plus d’un patient hospitalisé sur vingt, contractent une infection nosocomiale2.

L’une des raisons principales de la présence de ces bactéries et champignons dans les lieux destinés aux soins est la résistance de plus en plus importante des pathogènes aux antibiotiques ou aux antifongiques.

Et le Candida auris rejoint donc la liste des micro-organismes particulièrement insensibles aux traitements habituels.

C’est pourquoi il inquiète de plus en plus les autorités américaines et européennes.

Que sait-on à l’heure actuelle de ce champignon ?

Le Candida auris est un champignon qui se développe sous forme de levure et qui appartient, je vous le disais, à la même famille que le Candida albicans.

Il a été identifié pour la première fois en 2009 à partir d’une souche isolée provenant de l’oreille externe d’une patiente japonaise.

Il est capable de provoquer une candidose invasive et grave en gagnant la circulation sanguine, le système nerveux central ou divers organes internes.

Il est particulièrement invasif car il peut se transmettre de l’homme à l’homme par simple contact avec les mains.

De plus, il possède la propriété d’adhérer à toutes sortes de supports (murs, meubles, tissus, instruments médicaux) en formant des biofilms.

Il se propage ainsi très facilement dans les hôpitaux, les cliniques, les maisons de retraite.

Les échinocandines (des antifongiques) constituent le traitement de référence pour une infection à Candida auris, mais depuis quelques années maintenant, cette solution fonctionne de moins en moins, tout comme les autres familles d’antifongiques d’ailleurs.

Une fois infectés, environ 40 % des patients décèdent d’après l’OMS3.

Le taux de mortalité est donc très élevé.

Il ne faut cependant pas paniquer.

Si ce taux est si important c’est essentiellement parce que les personnes qui présentent des symptômes graves ont été contaminées alors qu’elles étaient déjà dans un état de fragilité important.

Une personne en bonne santé n’a que très peu de chance de mourir du Candida auris.

Vous pouvez même très bien être porteur du champignon et l’ignorer totalement si vos défenses immunitaires sont bonnes.

En revanche, les sujets immunodéprimés ou présentant de sérieux problèmes de santé sont en situation de danger en cas de contact avec le champignon.

Voilà pourquoi les établissements de santé sont particulièrement concernés par les cas les plus graves.

La crise du COVID a probablement donné au Candida auris les conditions idéales pour se multiplier : afflux massif de patients, usage de matériel invasif potentiellement contaminé par le champignon (intubation).

La meilleure des préventions, c’est un système immunitaire efficace !

Le meilleur moyen de se prémunir des effets graves provoqués par ce champignon est d’entretenir nos défenses immunitaires.

Pour cela vous pouvez compter sur trois grands incontournables :

1. Le zinc 

C’est un allié hors pair pour l’immunité !

Le taux de zinc dans l’organisme dépend en partie de la quantité consommée dans l’alimentation mais il est très mal absorbé par les intestins. 

Il est donc recommandé de prendre un complément alimentaire pour reconstituer les réserves.

L’apport quotidien recommandé est de 11 mg/jour pendant 3 mois.

Les végétariens, les grands sportifs et les personnes âgées pourront aller jusqu’à 30 mg.

Faire une cure une ou deux fois par an est tout à fait envisageable pour maintenir un taux de zinc optimum dans l’organisme toute l’année.

2. La vitamine D

Nous sommes souvent carencés en vitamine D en hiver du fait d’une moindre exposition au soleil.

Il est donc important de penser à se supplémenter durant cette période.

On recommande traditionnellement, hors période hivernale, un apport journalier de 600 à 2000 UI.

Pour l’hiver, vous pouvez passer à 3000 UI afin de combler le manque de lumière.

Si vous achetez un complément chiffré à 1000 UI, vous aurez dans une goutte 1000 UI (l’équivalent de 25 µg).

3. Une flore intestinale en bonne santé 

Une alimentation riche en fibres et la prise de probiotiques permettent d’entretenir une flore intestinale de qualité.

Incorporez à vos repas les boissons et les aliments fermentés comme le kéfir, le kombucha, la choucroute, le miso, la sauce soja etc…

On trouve également en parapharmacie d’excellents probiotiques pour faire une cure de temps en temps.

La gamme Lactibiane du laboratoire Pilège est parfaite pour cela (https://lactibiane.pileje.fr/fr/).

Je précise que je n’ai aucun intérêt financier (ou autres) avec ce labo, si je vous le conseille c’est que je fais appel à leurs probiotiques quand le besoin s’en fait sentir et que j’en suis satisfait.

Une dernière recommandation pour éviter d’être mis à mal par le Candida auris :

Comme je vous le disais, c’est un cousin du Candida albicans et on le sait le sucre est le carburant préféré de ces levures.

Réduisez votre consommation de sucre si vous vous sentez fragile et susceptible de souffrir d’une infection grave au Candida auris

Les glucides étant malgré tout nécessaires à l’organisme, je vous recommande de consommer en priorité des sucres complexes de temps à autre (riz, féculents).

En revanche, limitez drastiquement tout ce qui contient des sucres rapides comme le sucre de table, les gâteaux, yaourts, compotes, céréales du matin, jus de fruits, confitures, plats industriels, sodas, etc…

Un espoir de taille

Pour les plus inquiets d’entre-vous, sachez qu’un antifongique naturel venu du fond des océans pourrait à l’avenir vaincre les champignons qui présentent des résistances aux traitements.

Des scientifiques ont découvert un agent antifongique particulièrement efficace nommé « turbinmicine » en étudiant un animal marin l’Ecteinascidia turbinata (tunicier de mangrove)4.

Dans le cadre de l’étude publiée dans la revue Science, la turbinmicine a été testée sur plusieurs souris préalablement contaminées avec une souche de Candida auris.

Après 4 jours de traitement, les souris semblaient être en bonne santé et aucun signe de toxicité n’a été observé.

La turbinmicine a montré son efficacité contre Candida auris, mais aussi contre d’autres pathogènes du même type.

Alors, restons optimistes !

Et vous, aviez-vous entendu parler de ce champignon ?

A bientôt,

Laurent

 

[1] https://www.cdc.gov/media/releases/2023/p0320-cauris.html
[2] https://www.lefigaro.fr/flash-actu/deces-dus-aux-infections-nosocomiales-le-staphylocoque-dore-souvent-implique-20200609
[3] https://apps.who.int/iris/rest/bitstreams/1474282/retrieve
[4] Zhang F, et al. A marine microbiome antifungal targets urgent-threat drug-resistant fungi. Science. 2020