Cataplasmes, il n’y a pas que l’argile !

cataplasme

Tout le monde connaît les cataplasmes – ou emplâtres – d’argile verte.

Soulager la douleur, nettoyer les plaies, apaiser les entorses, réparer les fractures, libérer les bronches, arrêter les saignements…

La liste des bienfaits est longue !

Mais il existe en fait tout un univers de plantes que vous pouvez utiliser en cataplasme à la place de l’argile, chacune avec son effet bien particulier.

On ne change pas une recette qui gagne

L’utilisation de plantes écrasées ou de matières comme l’argile sur la peau remonte à l’Antiquité.

Ces méthodes simples ont évolué en emplâtres à base de plantes, de résines, de cire, et d’autres ingrédients. Bref, on se mettait sur la peau tout ce qui semblait bon pour la santé.

En 1867, le médecin français Paul-Jean Rigollot met à la mode la variante moderne de l’emplâtre, qu’il appelle « sinapisme ».

Ce cataplasme fait de papier kraft recouvert de pâte de moutarde noire aide à décongestionner les voies respiratoires.

Et il est encore vendu en pharmacie aujourd’hui.

Comment fonctionne un cataplasme ?

Un cataplasme est une pâte qui s’applique sur la peau.

Elle peut être épaisse et couvrir une grande surface pendant une durée variable allant de 10 minutes à 1 heure, voire toute la nuit dans certains cas.

Les cataplasmes agissent par le biais de deux mécanismes importants :

1) L’effet des composants naturels

Grâce à la perméabilité de la peau, les composants pénètrent dans le corps et diffusent leurs propriétés antiseptiques, astringentes, apaisantes, etc.

Certaines plantes irritantes, comme les orties, peuvent même être utilisées pour stimuler la circulation sanguine vers la zone traitée, accélérant ainsi la réponse anti-inflammatoire du corps[1].

2) L’action thermique (chaude, froide ou tiède)

L’effet thermique provoque soit la dilatation des vaisseaux sanguins et une meilleure circulation sanguine (chaleur), soit la constriction des vaisseaux et la dissipation des congestions (froid).[2]

Le choix de la température dépend donc de votre tolérance et de l’effet désiré (car certains cataplasmes doivent être plus chauds que d’autres).

En combinant ces deux actions, les cataplasmes soulagent la peau (brûlures, démangeaisons) et les tissus profonds (douleurs musculaires, articulaires, etc.).

Guide pour faire vos cataplasmes à la maison

Pour le matériel vous aurez besoin de :

  • Bande de gaze, de coton ou de lin pour appliquer la pâte
  • Bande de contention élastique pour tenir l’emplâtre en place
  • Cellophane pour éviter que le cataplasme ne sèche trop vite (seulement pour les pâtes froides)
  • Contenant et matériel de cuisine (bol en pyrex, casserole, cuillère en bois) pour préparer votre pâte

Pour le matériel de cuisine, privilégiez les matériaux qui ne sont pas en métal. Vous éviterez ainsi d’oxyder les plantes fraîches et de leur faire perdre en efficacité.

3 recettes de cataplasmes à essayer

Je vous présente ici 3 recettes de cataplasmes mais vous pouvez évidemment inventer vos propres préparations en fonction des plantes qui vous font du bien.

1. Le cataplasme de lin contre la toux

Indications : toux grasse ou spasmodique, bronchite, rhume ou douleurs apaisées par le chaud comme les torticolis ou les tensions musculaires.

Intérêt : réchauffant, stimulant de la circulation sanguine.

Préparation : humidifiez 4 à 5 cuillerées à soupe de farine de lin avec un peu d’eau bouillante. Mélangez pour obtenir une pâte de bonne consistance. Posez la pâte chaude sur un tissu propre, une bande de gaze. Recouvrez avec la même matière pour que la préparation n’entre pas directement en contact avec la peau. Appliquez bien chaud. Renouvelez 2 à 3 fois par jour, plusieurs jours de suite si besoin. Le lin ne doit être utilisé qu’une seule fois.

2. Le cataplasme de chou comme désinfectant

Indications : contusions, infections (abcès, panaris, furoncle, plaie infectée), sciatique, colique néphrétique, bronchite, rhumatismes, maux de tête, engorgement des seins.

Intérêt : décongestionnant, anti-inflammatoire, bactéricide très efficace.

Préparation : prenez quelques feuilles fraîches de chou frisé ou de chou blanc. Retirez la nervure centrale. Lavez puis écrasez les feuilles avec un rouleau à pâtisserie pour faire suer le suc. Appliquez-en 3 épaisseurs sur la zone affectée et recouvrez d’une bande élastique. Maintenir en place environ 1 heure.

3. Le cataplasme d’oignons apaise les douleurs

Indications : mal de gorge, otite, congestion hépatique, douleurs articulaires, hémorroïdes, douleurs de règles, plaies, brûlures.

Intérêt : antidouleur, antiseptique, décongestionnant.

Préparation : hachez finement la quantité nécessaire d’oignon pour une bonne épaisseur (1 cm) puis faites-la cuire quelques minutes dans une poêle. Étalez le mélange sur un tissu ou une gaze puis refermez. Appliquez chaud sur la zone visée avant d’entourer d’une bande élastique puis d’un linge ou d’une écharpe. Laissez en place de 15 minutes à 1 heure et renouvelez autant de fois que nécessaire.

Quelques précautions

  • Attention aux brûlures avec les cataplasmes chauds ! La règle d’or : appliquer le cataplasme doit procurer une sensation agréable.
  • Les cataplasmes chauds sont à éviter en cas de fièvre, pour la plupart des inflammations, en cas de maux de ventre d’origine inconnue ou de maladie cardiovasculaire.
  • On évitera les cataplasmes chez les personnes très âgées ou en cas de troubles psychiques. Pour les enfants de moins de 7 ans, préférez les pâtes tièdes (moins de 38°C).
  • Consultez votre médecin si vous ne savez pas de quoi vous souffrez avant de recourir aux cataplasmes.

Et vous, quelles sont vos recettes de cataplasmes ?

Bien à vous,

Laurent

[1] Kroll D, Wachtel-Galor S, Kroll K, & Benzie I. (2011). Herbal Medicine: Biomolecular and Clinical Aspects. CRC Press/Taylor & Francis. Chapter 18: Herbal Medicine for Inflammation and Joint Diseases.

Prasad K. (2012). Spice antioxidants isolation and their antinflammatory potential. Nature Protocols, 7(3): 449-455.

[2] Gorshkova E, Bubnova R, Gashev S, et al. (2015). Physiological Effects of Local Cooling on the Human Skin and Underlying Tissues. Journal of Engineering and Applied Sciences, 10(12): 6803-6809.

Hegedüs F, Csanádi Z, Gulyás G, & Rétsági G. (2018). Thermal and physiological effects of selective cold air exposure on humans. International Journal of Biometeorology, 62(12): 2299-2311.