La vraie cause des pertes de mémoire… et ce n’est pas la vieillesse

perte de mémoire

Chaque année, 225’000 Français sont diagnostiqués de la maladie d’Alzheimer, soit un cas toutes les trois minutes.

Pendant longtemps, on a vu ce diagnostic comme une fatalité en se disant que l’on ne pouvait pas y échapper.

Mais je suis tombé récemment sur un livre plein d’espoir : Vous n’aurez pas Alzheimer du Docteur Jean-Paul Curtay1.

Il y explique que la vieillesse n’est pas la cause de la maladie d’Alzheimer mais que celle-ci trouve son origine ailleurs…

Quand nos neurones se suicident

La maladie d’Alzheimer est bien plus qu’une simple altération de la mémoire.

C’est une maladie complexe, un trouble neurodégénératif insidieux qui érode progressivement les fonctions cérébrales, engendrant des troubles cognitifs et comportementaux profonds.

La maladie se caractérise principalement par l’accumulation de plaques amyloïdes et la détérioration des cellules nerveuses.

Ces plaques sont composées d’une protéine, la bêta-amyloïde qui a un rôle très important : elle efface les neurones inactifs pour les remplacer par de nouveaux.

Ces neurones « frais » sont parfaits pour créer de nouvelles connexions dans notre cerveau. C’est comme cela que nous apprenons et que nous créons des souvenirs.

Après avoir rempli leur rôle, ces protéines sont naturellement évacuées dans le liquide céphalorachidien (où baigne notre cerveau).

Dans le cas d’Alzheimer, ces protéines béta-amyloïdes sont produites en trop grand nombre. Le corps n’arrive pas à les évacuer. Elles s’accumulent autour et dans les interstices de notre cerveau. Et forcent alors nos neurones à littéralement se suicider (apoptose).

Les fonctions liées aux neurones (mémoire, apprentissage, compréhension, connexions logiques…) disparaissent alors progressivement. C’est ce qu’on appelle la dégénérescence cérébrale.

La vieillesse n’est pas la seule cause

Il est indéniable que l’âge joue un rôle majeur dans la maladie d’Alzheimer.

Le risque d’être atteint est multiplié par un facteur 45 entre 60 et 90 ans. Et, de fait, 20% de la population de plus de 80 ans en souffre.

Mais l’hôpital gériatrique de l’université de Genève, en Suisse, a démontré que ce n’est pas simplement le fait de « vieillir » qui donne l’Alzheimer.

Après avoir autopsié 37 patients âgés entre 95 et 105 ans, les médecins ont trouvé que 11 d’entre eux n’avaient aucun dépôt de plaque amyloïde.

Conclusion : certaines personnes parviennent à vieillir sans développer la moindre trace d’Alzheimer. Si cela est possible pour elles, c’est possible pour le plus grand monde.

Une maladie qui s’installe dès l’adolescence

Connaissez-vous l’exemple tristement célèbre de Rebecca Doig ? Cette Australienne s’est fait diagnostiquer Alzheimer alors qu’elle était enceinte, à l’âge de 31 ans !

Même si son cas est très rare (moins de 0,3% des cas d’Alzheimer ont moins de 30 ans), on peut l’expliquer par le fait que les dépôts de plaques séniles amyloïdes surviennent déjà avant 50 ans.

En cause : le ralentissement de la circulation sanguine qui se produit dès la fin de la croissance, soit à la fin de l’adolescence.

Ce facteur souvent ignoré est pourtant décisif car, qui dit mauvaise circulation sanguine, dit mauvaise évacuation des protéines bêta-amyloïdes.

La maladie d’Alzheimer ne survient donc pas du jour au lendemain. Au contraire, elle s’installe progressivement au fil de notre existence.

Alzheimer et microbiote : le lien insoupçonné

Pour le dire simplement, ce qui cause l’Alzheimer est tout ce qui dérègle le comportement des protéines bêta-amyloïdes.

Cela est un peu abstrait, je l’entends. Mais l’idée à retenir est que le comportement de ces protéines n’est pas altéré automatiquement – par exemple par l’âge – mais par l’influence de notre environnement, de notre mode de vie et de notre alimentation.

Nous l’avons vu juste au-dessus, une bonne circulation sanguine est essentielle pour évacuer correctement les déchets de notre corps.

Or plusieurs facteurs peuvent ralentir cette circulation de manière artificielle. Et notamment les dérèglements intestinaux.

Les intestins ont besoin de sang pour bien travailler.

Mais, dès qu’il y a un problème et qu’ils ont besoin de travailler plus, la quantité de sang utilisée est plus importante. Or tout ce sang que les intestins utilisent, nos autres organes en auraient besoin pour bien fonctionner.

Et bon nombre de ces problèmes intestinaux sont causés par une perturbation du microbiote – ces milliards de bactéries vivant dans nos intestins et nécessaires à une bonne digestion.

Les chercheurs universitaires ont ainsi montré que les patients souffrant d’Alzheimer avaient des intestins hyperperméables (leaky gut en anglais).

Les parois de leurs intestins sont poreuses et laissent passer dans le sang les toxines générées par leur microbiote. Et, quand les intestins sont perturbés, ils concentrent leur sang autour d’eux. Plus il y a de sang, plus il y a de toxines.

Or la présence de ces toxines dans le sang est corrélée à la production excessive de protéines bêta-amyloïdes qui, à leur tour, montent au cerveau et, vous l’aurez compris, provoquent une dégénérescence cérébrale.

Notre société est devenue pathogène

Qu’est-ce qui perturbe notre microbiote ?

Une alimentation trop riche en fer, en protéines animales, en produits transformés, en graisses, en sucres, et trop pauvre en végétaux, en vitamines, en antioxydants naturels…

Les pesticides, les microplastiques et les dérivés du pétrole dans notre nourriture contribuent énormément aux inflammations chroniques de notre microbiote.

Mais ce n’est pas tout. Ajoutez à cela le stress, le manque de sommeil et le surpoids, et vous avez un cocktail létal de facteurs d’inflammation et donc de perturbation du microbiote.

Nos sociétés développées sont tout simplement devenues pathogènes.

Mais je ne veux pas vous faire peur. Il existe en effet des méthodes plutôt performantes qui permettent d’inverser la tendance. Et je me réjouis de vous en parler dans ma prochaine lettre.

En attendant, prenez soin de vous et n’hésitez pas à partager en commentaire votre expérience autour de cette maladie.

Laurent

[1] Vous n’aurez pas l’Alzheimer, Dr Jean-Paul Curtay & Véronique Magnin, Éditions Leduc, 2021.